Cher(e) collègues,
Chers membres de l’ASRDLF,
C'est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès de Jean Cavailhès, un fidèle de notre association et une figure emblématique de la question foncière.
Vous trouverez ci-dessous un petit texte écrit par Mohamed Hilal sur le parcours de Jean, envoyé par Isabelle Thomas.
Le Bureau de l'association
Bonjour à toutes et tous,
Notre collègue Jean Cavailhès (1946-2022), nous a quittés le vendredi 23 décembre 2022. Ses obsèques ont eu lieu le vendredi 30 décembre 2022 à 14 heures 30 au funérarium de Dijon.
Jean est né à Albi, le 26 juin 1946. Après de brillantes études primaires et secondaires au lycée d’Albi, il est admis en classe préparatoire d’agronomie au lycée Pierre-de-Fermat de Toulouse. Il passe avec succès le concours d’entrée à l’Institut national agronomique de Paris, qu’il intègre comme élève en 1965. Parmi ces camarades de promos, il y a Pierre Daucé et Michel Blanc, deux collègues qui sont passés par Dijon.
Alors en troisième année de formation de l’INA, il est pré-recruté comme agent contractuel scientifique par l’INRA, le 1er janvier 1968. En 1969, il est reçu au concours d’assistant et rejoint la station d’économie de Dijon associée à la chaire de Michel Petit à l’ENSSAA. Inspiré par la théorie marxiste, qu’il considérait comme une théorie économique révolutionnaire, ses travaux sont consacrés aux questions foncières. En 1973, Jean réussit le concours de chargé de recherche. Ses travaux s’orientent progressivement vers l’analyse du système agricole régional charolais.
En 1982, il est nommé directeur de la station d’économie de Dijon en remplacement d’André Brun. Il le restera jusqu’en 1988. Jean se fixe comme objectif de faire de la station de Dijon une unité scientifiquement vivante et homogène, avec comme projet d’établir une histoire comparée des systèmes de production régionaux Charolais, Franc-Comtois et Breton portés, respectivement, par lui-même, Philippe Perrier-Cornet et Pierre Daucé. On retrouve dans ce projet l’esquisse d’une trajectoire vers l’économie régionale.
Promu directeur de recherche en 1986, Jean entreprend en 1987, avec Bertrand Schmitt, un état des lieux sur la place des travaux d’économie régionale agricole de l’INRA dans la recherche universitaire. Constatant l’absence de l’agriculture et du rural dans ces travaux, il amène l’équipe des économistes dijonnais à opérer un tournant vers l’économie spatiale et régionale académique pour analyser les espaces ruraux. Pour accompagner cette inflexion, Jean complète sa formation d’économiste en suivant le cycle annuel des cours du Centre d’études des programmes économiques de l’INSEE (1988-1989). Il prend également, en 1989, la responsabilité de la dominante économie agricole et rurale du DEA Politique et analyse économique de l’université de Bourgogne. Ce pied à l’université lui permet d’accueillir des étudiants et de diriger plusieurs mémoires et thèses.
En 1990, Jean est nommé chef adjoint du département d’Économie et Sociologie Rurales de l’INRA, au côté de Claude Viau. Quatre ans plus tard, il succède à ce dernier et devient chef du département. Il occupa ce poste de 1994 à 1998. En charge d’un département de recherche de près de 500 personnes, il n’a eu de cesse de promouvoir l’idée que nos recherches se devaient d’être internationalement reconnues, en économie comme en sociologie, et d’être les plus pertinentes par rapport aux demandes sociales adressées à l’INRA. Il contribua également durant cette période, à plusieurs programmes trans-sectoriels de recherche et d’expertise sur la Réforme de la PAC (1991-1994), les Nouvelles fonctions de l’agriculture et des espaces ruraux (1993-1996) ou l’Économie forestière. Il participe également aux travaux de prospectives de la DATAR ou du Commissariat général du plan.
A l’issue de cette période, à la tête du département, il décide de « revenir à la paillasse », comme il aimait à dire, et de renouer avec une activité de recherche en tant que simple chercheur. Pour préparer ce retour, il effectue, en 1999, deux séjours sabbatiques, l’un à l’université de Cambridge pour se perfectionner en anglais et l’autre, d’une durée de huit mois, à l’université catholique de Louvain-la-Neuve pour se ressourcer en économie, en particulier dans le domaine de l’économie urbaine et de l’économie géographique. Ce séjour fut l’occasion pour Jean de bâtir un programme de recherche sur le périurbain, programme qu’il a suivi jusqu’après sa retraite.
Sans jamais abandonner la question foncière, Jean s’intéressa à la périurbanisation que connaissaient la France et l’Europe depuis les années 1960. Ces espaces mixtes autour des villes, à la fois agricoles et résidentiels, posent de nombreuses questions aux aménageurs, mais également aux économistes, aux géographes, aux sociologues. Toutes les publications de Jean qui vont suivre vont tourner toujours autour des mêmes questions : mixité, foncier, aménités, plus récemment artificialisation. Ses collaborations sont nombreuses et variées. Il propose des modélisations théoriques de la ville, des modèles de simulation des formes de croissance urbaine ou des modèles de rentes foncières avec prise en compte du rôle du paysage agricole et forestier et du climat dans la formation du prix des maisons périurbaines.
Jean a fait valoir ses droits à la retraite en 2011. Il a été chercheur émérite jusqu’en 2021. Durant cette période, il a continué à avoir une activité intellectuelle stimulante avec ses collègues et avec les jeunes chercheurs du labo. Son rôle a toujours été précieux. Il s’est également investi dans le fonctionnement de deux comités de rédaction de revues associatives spécialisées dans les questions du foncier et du logement.
Cordialement,
Mohamed
Vous souhaitez partager une nouvelle brève ?
Rien de plus simple, envoyez l’information sur cette adresse email : asrdlf.nouvellesbreves@gmail.com
Retrouvez l'ASRDLF sur les réseaux sociaux
LinkedIn
Twitter
Facebook
Sebastien Bourdin
Secrétaire général de l'ASRDLF
&
Fabien Nadou
Secrétaire général adjoint de l'ASRDLF